Pour marquer la Journée Mondiale de l’Eau, célébrée chaque 22 mars, le mardi 25 mars 2025, M. Ezzedine Ben Chikh, Ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, a présidé une Journée d’information et de Sensibilisation, avec la participation de M. Hammadi Habib, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, chargé des Ressources en eau.
Cet événement portait le slogan « la gestion de la demande en eau entre réduction des pertes en eau et utilisation de l’eau non conventionnelle » et a rassemblé le Président, Directeur Général de la société nationale d’exploitation et de distribution de l’eau, de nombreux vétérans du ministère, des experts du domaine, ainsi que des représentants d’une majorité de ministères et plusieurs membres d’associations actives dans le secteur de l’eau ainsi que des hauts fonctionnaires du ministère.
La journée a comporté divers discours, centrés principalement sur :
– L’état de l’eau et les raisons qui motivent l’utilisation de sources d’eau non traditionnelles,
– L’amélioration des performances des réseaux afin de diminuer les pertes d’eau,
– L’entretien des infrastructures et des systèmes d’eau,
– La réutilisation des eaux usées traitées dans le cadre du « projet Tanit »,
– L’expérience exemplaire d’économie d’eau dans le secteur textile avec la société « STARTEX » à Qasr Hilal,
– Le modèle d’économie d’eau dans l’industrie touristique au sein des unités touristiques « RESORT » à Hammamet et Monastir.
Dans son allocution d’ouverture, le ministre a mis en lumière les défis actuels posés par la rareté croissante de l’eau et la dégradation de sa qualité, exacerbée par l’augmentation de la consommation, le développement et la diversification des activités économiques qui lui sont liées. Il a également souligné que les sécheresses fréquentes (8 à 9 ans) avaient entamé les réserves des barrages (actuellement à 35,5 %), entraînant un déclin des niveaux des nappes phréatiques et l’épuisement de nombreux puits profonds. Dans le contexte des changements climatiques affectant la Tunisie, la région et le monde entier, il est impératif de recourir à des ressources en eau non traditionnelles, notamment les eaux souterraines salines et l’eau de mer après dessalement, ainsi que d’utiliser des eaux usées traitées pour l’irrigation. Optimiser l’usage de l’eau, que ce soit pour des finalités domestiques, industrielles, touristiques ou agricoles, est une nécessité incontournable dictée par les enjeux futurs.
Il a également mentionné que la signification de ces choix est validée d’un point de vue social et économique dans la mesure où des initiatives sont en cours pour développer des technologies qui permettent d’offrir une eau de qualité à un prix accessible pour les consommateurs, réalisant ainsi l’un des objectifs majeurs liés au sixième Objectif de développement durable, à savoir l’accès universel à une eau potable sûre et abordable.
Concernant le secteur agricole, le ministre a indiqué que la mise en place de telles solutions pourrait augmenter la production d’eau avec des rendements économiques et productifs considérables, renforçant ainsi la sécurité alimentaire. Il a ajouté que l’adoption d’énergies renouvelables pourrait aider à contenir les coûts et à réduire les impacts sur l’environnement, créant ainsi une opportunité significative pour le financement, le développement et la diversification de ces solutions.
Le ministre a également précisé que la Tunisie a commencé, depuis les années quatre-vingt, à dessaler les eaux souterraines salines à des fins de consommation, notamment dans le sud du pays, où l’eau douce est rare. Il a souligné que la Société Nationale d’exploitation et de distribution d’eau gère actuellement 15 stations de dessalement, avec la création de 7 usines supplémentaires, et depuis 2018, la première usine de dessalement d’eau de mer a été mise en service à Djerba, suivie par deux autres usines à Zarat et Sfax, ainsi qu’une usine à Sousse qui est en phase de finalisation.
Dans ce cadre, le ministre a indiqué que la vision à long terme se dirige vers une reliance accrue sur l’eau de mer dessalée pour répondre aux besoins en eau potable du pays, tout en poursuivant l’achèvement des installations de dessalement et en intégrant les énergies renouvelables.
En ce qui concerne l’emploi des technologies de dessalement de l’eau salée dans le secteur agricole, le ministre a indiqué qu’elles sont jugées efficaces et économiquement viables, surtout lorsqu’il s’agit de cultiver des plantes à forte rentabilité, comme les légumes cultivés sous serre et les cultures ciblées pour l’exportation. Il a mentionné qu’en 2015, la première station expérimentale a été mise en service dans la zone de Gounat, dans le gouvernorat de Mahdia, afin d’évaluer sa rentabilité socio-économique, qui s’est révélée positive tant pour la production que pour la productivité de l’eau. Cela incite à l’échange d’expériences dans d’autres secteurs pour tirer parti de l’eau salée et semi-saline pour l’irrigation en tant que réponse aux changements climatiques. En 2023, une seconde station de dessalement a été achevée dans la zone de Bir ben kemla, dans le gouvernorat de Mahdia, avec une capacité de production quotidienne de 1000 mètres cubes. Parallèlement, une troisième station utilisant la technologie de nanofiltration a été mise en place avec une capacité de 20 mètres cubes par jour, dans le but de comparer le coût de production du mètre cube d’eau dessalée selon différentes technologies. Un programme a également été élaboré, intégrant 19 nouvelles stations de dessalement alimentées par énergie solaire, totalisant une capacité de production de 32 800 m3 par jour et nécessitant un investissement de près de 95 millions de dinars pour une évaluation plus complète de ces solutions agricoles.
Concernant les eaux usées, le ministre a déclaré que la Tunisie se positionne en tant que pionnière dans le traitement et la réutilisation des eaux usées, ayant réalisé des avancées notables depuis les années 1960. La superficie des zones irriguées par de l’eau traitée a atteint 7590 hectares, avec un taux de réutilisation en irrigation ne dépassant pas 8%. Dans ce contexte, un plan stratégique a été mis en place pour promouvoir l’utilisation des eaux traitées d’ici 2050, englobant toutes les dimensions et modalités de réutilisation dans divers secteurs. En ce qui concerne l’irrigation, le plan ambitionne d’atteindre un taux de réutilisation d’au moins 75% d’ici 2050, en aménageant 56 000 hectares de zones résidentielles, dont 26 000 hectares représentent de nouveaux projets.
Le ministre a également indiqué que la digitalisation et les technologies numériques sont perçues comme des facteurs de changement significatif et d’augmentation de la transparence dans le secteur de l’eau. Elles joueront un rôle clé dans l’accompagnement des méthodes de production et de consommation vers une gestion efficace, intelligente et durable de l’eau. Il a souligné que la chaîne de valeur dans le cycle de l’eau doit inclure le citoyen, spécialement en tant que partenaire essentiel pour relever les défis en cours et orienter sa sensibilisation vers un changement de comportement fondé sur l’économie collective de l’eau. Cela permettra de maîtriser la demande en eau et d’assurer une utilisation rationnelle à tous les niveaux, que ce soit domestique, industriel ou touristique.
En conclusion, le ministre a rappelé que la préservation de nos ressources en eau constitue une responsabilité partagée qui exige des efforts collectifs de chacun. Il a exhorté tous les citoyens à réduire leur consommation d’eau et à participer à la sauvegarde de cette ressource précieuse, en adoptant des comportements responsables et en recourant à des technologies efficaces en matière d’eau, déclarant « Unissons nos efforts pour garantir un avenir durable de l’eau en Tunisie. «
Lors de cet événement, l’équipe de la série « Ragouj » a été récompensée pour son rôle dans la sensibilisation et la mise en lumière de l’importance de la conservation de l’eau en tant que richesse naturelle.