C’est au Centre des musiques arabes et méditerranéennes à En-Nejma Ez-Zahra, à Sid Bou Saïd, que s’est tenue en cette soirée ramadanesque de jeudi 6 mars 2025, une rencontre entre les différents intervenants dans le secteur de la chanson tunisienne, paroliers, chanteurs, compositeurs et autres, et ce, en présence de Mme la ministre des Affaires culturelles, Mme Amina Srarfi, de M. Tahar Guizani, directeur du Festival de la Chanson Tunisienne et des représentants des différents médias.
Une soirée artistique animée par Cheker Besbès et entamée par un prélude musical tarabique exécuté par la troupe «Âtr al-madina » (« Parfum de la Médina »). Une rencontre dont la thématique principale tournait autour de la chanson tunisienne, son état actuel, les défis auxquels elle se trouve confrontée et sa position par rapport à la chanson arabe et internationale.
Les intervenants, parmi lesquels nous citons en particulier le parolier Ali Ouertani, les chanteurs et artistes Chokri Bouzayane, Sofiène Safta ou Noureddine Béji, pour ne citer que ceux-là, ont mis l’accent sur la crise de la chanson tunisienne qui est en rapport, en premier lieu, avec sa promotion et sa large diffusion qui viennent à manquer.
Prenant la parole, la ministre des Affaires culturelles a jugé que le déclin, toutefois relatif, de la chanson est dû à cette relation émotive et complémentaire entre les différents acteurs, paroliers, compositeurs et chanteurs qui vient à manquer aujourd’hui. Des rapports qui, dans le passé, étaient plus conviviaux et plus chaleureux, d’où résultaient ces productions musicales de haute qualité.
La plupart des intervenants ont d’autre part convenu que la crise de la chanson tunisienne est une crise de paroles, de textes qui, de nos jours, ne sont plus soumis à aucun contrôle au niveau de la qualité. Un passé bien plus glorieux avec les paroliers Abdelmajid Ben Jeddou, Ridha Khouini, Mustapha Khraïef et autres auteurs et poètes.
D’autre part, la chanson d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier au niveau du texte, de la composition ou du chant si l’on tient compte des nouvelles tendances et des styles qui connaissent une profusion aux dépens de la qualité, et où les nouveaux moyens de communication jouent un rôle prépondérant dans la diffusion de certains genres en vogue comme le rap, la pop music, rock et hip-hop, le R&B et autres expressions musicales modernes.
A ce niveau, les moyens d’information, radios et télévisions essentiellement, ne jouent plus le même rôle qu’autrefois. A titre indicatif, les radios nationales diffusent en moyenne 75% de chansons tunisiennes dans leurs programmations, alors que les radions privées n’en sont qu’à 2 ou au maximum, 5% du total des diffusions de chansons tunisiennes.
Ce qui ne donne pas à la chanson tunisienne la place et l’intérêt qui doivent être les siens et un rôle des médias, quel qu’en soit le genre, qui doit la soutenir davantage.
Sans oublier que certains choix restent en rapport avec les tendances actuelles et les goûts du public d’aujourd’hui qui versent dans la « chanson légère », une barrière s’étant levé entre les modes anciens et les nouvelles vagues de la musique et de la chanson en raison, entre autres, de ces moyens technologiques modernes.
Tout cela n’empêche pas la chanson tunisienne de s’imposer sur la scène arabe d’abord, avec ses spécificités modales et esthétiques et que la conjonction des efforts des acteurs du secteur peut contribuer à son évolution et à atteindre un palier supérieur.