La part de l’Afrique n’a cessé de baisser dans le commerce mondial depuis l’avènement de l’OMC et se réduit aujourd’hui à 2,5 %. Dans ce contexte, le mandat historique de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, à la tête de l’organisation, est porteur d’un espoir de renouveau sur le continent.
Début sur les chapeaux de roues pour Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), lundi 1er mars. La surpêche s’est invitée à cette première, avec l’initiative d’une coalition d’ONG qui a érigé devant le siège une sculpture visant à dénoncer le phénomène.
« Nous avons vraiment le sentiment que la surpêche, la surcapacité et la pêche illégale sont des facteurs qui nuisent à la durabilité », a déclaré la nouvelle patronne de l’OMC, avant d’appeler à achever les négociations sur ce dossier, qui sont au point mort depuis de longues années.
La surpêche, un sujet brûlant, surtout pour l’Afrique qui subit les effets dévastateurs de la pêche industrielle européenne et asiatique et qui voudrait en attendre un peu plus du mandat historique d’une Africaine à la tête de l’institution basée à Genève.
Pour cause, les économies du continent réclament aujourd’hui des règles commerciales plus équitables. Malgré le volume croissant des échanges, l’Afrique ne tire pas grand avantage de la libéralisation du commerce international. La part continentale dans le commerce mondial a chuté de 4,4 % en 1970, à 2,5 %, selon des chiffres évoqués par Benedict Oramah, président d’Afreximbank.
Sur le banc des accusés, pêle-mêle, sont mis en cause : la persistance des barrières à l’exportation, vers les économies développées, des produits finis et qui freine la capacité de l’Afrique à progresser dans les chaînes de valeur ; le changement des règles qui ont profité aux économies industrialisées* ; les subventions agricoles des pays industrialisés au détriment des millions de petits paysans africains, etc.
Malgré ces problèmes, l’Afrique avec son secteur privé dynamique devient un acteur commercial mature et attend de la nouvelle patronne de l’OMC, la mise en œuvre de réformes qui aboutissent à un système mondial plus juste qui permette au continent de libérer tout son potentiel.
En effet, même si elles sont très peu promues et n’ont qu’une valeur cosmétique dans le système actuel, les règles dérogatoires pour les pays en développement qui doivent encore préparer leurs économies à la concurrence internationale, n’en existent pas moins. Une gouvernance volontariste d’une direction soucieuse d’une insertion bénéfique de l’Afrique dans le commerce mondial n’aurait donc pas à redessiner un autre cadre, mais à redéfinir les priorités.
Si la Zlecaf porte les espoirs d’un commerce africain plus florissant, les nombreux accords signés séparément par les pays africains ou dans le cadre des blocs régionaux avec les nations industrialisées font craindre un grand désabusement si les règles du commerce mondial ne changent pas.
Première femme et premier dirigeant africain de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala doit faire la preuve qu’elle y vient véritablement avec « une nouvelle paire d’yeux pour jeter un nouveau regard », comme elle l’a déclaré récemment.