« Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie » est, depuis fin 2015, une des cinq grandes priorités stratégiques, « High 5 », de la Banque africaine de développement, qui vise un accès universel à l’électricité sur le continent, dont ont déjà bénéficié des dizaines de millions d’Africains vivant notamment dans des zones rurales.
L’objectif de la Banque est de garantir cet accès universel à toutes les populations africaines d’ici à 2025. Depuis son lancement, ce « Nouveau pacte » de l’énergie en Afrique a vu les projets se multiplier, parmi lesquels cinq de grande ampleur ciblant en particulier les zones rurales en Angola, au Burkina Faso, au Maroc, au Sénégal et au Zimbabwe, au cours des cinq dernières années. Ces pays pallient ainsi progressivement leur déficit d’accès à l’électricité et modifient le quotidien de leurs habitants.
Angola : de l’électricité pour 8 millions de personnes supplémentaires
En Angola, la phase II de la centrale hydroélectrique de Cambambe (nord-ouest du pays) a été inaugurée en juin 2017. Doté d’une capacité de production de 700 mégawatts (MW) par jour, l’ouvrage fournit de l’énergie à quelque huit millions de personnes supplémentaires. La Banque a contribué à sa réalisation à travers un appui à la réforme du secteur de l’électricité (décaissement en deux tranches de 600 millions de dollars en 2014 et 400 millions de dollars en 2015).
Afin de couvrir des zones importantes du territoire, l’expansion et la modernisation du barrage de Cambambe a intégré la construction d’une sous-station dans la province de Luanda ainsi qu’une interconnexion ̶ en cours de réalisation ̶ avec la région de Gabela, dans la province du Kwanza-Sud. Cette dernière infrastructure devrait permettre de fournir de l’énergie à la province de Benguela, où certaines zones industrielles doivent faire face à un déficit d’accès à l’électricité.
L’Angola, dont un tiers de la population de 24 millions d’habitants est raccordé à l’électricité, vise un accès universel à l’énergie d’ici à 2030.
Burkina Faso : des foyers connectés pour 600 000 personnes
Au Burkina Faso, 80 % de la population n’avait pas accès à l’électricité avant 2016, notamment en zone rurale. Cependant, avec la mise en service, en novembre 2017, de la centrale solaire de Zagtouli, près de la capitale Ouagadougou, la situation a changé. Grâce aux interconnexions vers les villes situées aux alentours de Ouahigouya ou Gourcy (140 à 180 km au nord de Ouagadougou), la ferme fournit de l’électricité à près de 600 000 personnes.
Confrontées à des délestages récurrents par le passé, ces foyers burkinabè raccordés à l’électricité se réjouissent désormais du recul de l’insécurité. Le coût de l’énergie photovoltaïque leur revient quatre fois moins cher que l’électricité dite « classique ».
Plus grande ferme solaire d’Afrique de l’Ouest francophone, la centrale de Zagtouli est dotée d’une puissance maximale de 33 MW. D’un coût de 61,7 millions de dollars américains, financé par l’Union européenne et l’Agence française de développement (AFD), partenaires de la Banque africaine de développement, elle pourrait produire à terme l’équivalent de 5 % des besoins énergétiques du pays, estimés à 270 mégawatts.
En septembre 2017, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, en visite au Burkina Faso, avait annoncé le déblocage d’une enveloppe d’un milliard de dollars américains sur la période 2017-2021 pour mettre en place une centrale solaire de 50 MW et l’électrification des zones périurbaines de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.
Maroc : des zones agricoles pourvues en énergie
Le Maroc est proche d’atteindre une couverture totale de son territoire en électricité. Le pays assure désormais les opérations de connexion des petites localités agricoles. En novembre 2017, le village solaire autonome d’Idmjahdi a été inauguré près d’Essaouira. Il est dédié à la culture locale d’argan.
La Banque a consacré 156 000 dollars à ce projet inédit en Afrique. Le village alimente l’unité (traditionnelle) de transformation agricole. Les panneaux solaires, eux, approvisionnent l’ensemble de la commune rurale en électricité pour, entre autres, l’éclairage public et la station de pompage d’eau, participant ainsi au développement local.
Sénégal : un million d’habitants supplémentaires ont accès à l’électricité
Après la mise en service de sa plus grande centrale solaire en 2016, le Sénégal a inauguré, en juin 2017, une centrale à énergie photovoltaïque à Santhiou Mékhé, dans la région de Thiès (70 kms à l’est de Dakar). D’un coût de 46,8 millions de dollars américains, elle détient, par sa superficie de 64 hectares, le record de l’Afrique de l’Ouest.
La centrale produit 30 MW d’électricité via le réseau de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), soit la consommation annuelle d’un million de personnes. De 900h de délestage en 2011, le Sénégal est passé à 85h en 2014, 76h en 2015, et 66h en 2016. Objectif de la Senelec : descendre sous la barre des 50h. L’objectif est réalisable, d’autant plus que la Banque africaine de développement a accordé un nouveau prêt de 4,6 millions de dollars au Sénégal pour l’achèvement du projet d’énergie à charbon de Sendou (35 km de Dakar) d’une capacité de 125 MW.
Zimbabwe : fournir un million de foyers en électricité
Le Zimbabwe a reçu un don de 50 millions de dollars américains de la Banque pour la rénovation de l’usine de traitement des cendres de la centrale thermique de Hwange (ouest du pays) et la rénovation de ses installations secondaires de transport et de distribution. Résultat : la production d’électricité, portée à 717 MW, fournit plus d’un million d’usagers en électricité.
En juin 2018, des travaux d’extension de cette centrale à charbon ont été engagés. Ils doivent durer quatre ans avec l’objectif de porter sa capacité de 920 MW à 1 520 MW. Deux nouvelles turbines seront installées grâce à un financement de 116 millions de dollars américains des autres partenaires au développement.
En 2017, la Banque africaine de développement a lancé le Nouveau Pacte pour l’énergie en Afrique, un continent où 645 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité.
La Banque a également approuvé les modalités de mise en œuvre de la Facilité pour l’inclusion énergétique à travers deux fonds dédiés (accès en réseau et hors réseau). L’objectif de ces fonds est de combler les déficits de financement dans les infrastructures énergétiques à petite échelle et de stimuler les solutions d’accès au dernier kilomètre de la chaîne de l’énergie.
En 2017, la priorité « Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie » a généré 1,72 milliard de dollars américains d’approbations de la Banque. La part des investissements dans les infrastructures a bondi d’une année sur l’autre, passant de 47% en 2016 à 91% en 2017.
Chiffres clés
- Près de 10 millions de personnes supplémentaires ont eu accès à l’électricité en 2017
- 8 millions en Angola
- 1 million au Sénégal et au Zimbabwe
- Près de 600 000 habitants au Burkina Faso
- 2,1 milliards de dollars d’investissements
Chiffres clés
- Près de 10 millions de personnes supplémentaires ont eu accès à l’électricité en 2017
- 8millions en Angola
- 1million au Sénégal et au Zimbabwe
- Près de 600000 habitants au Burkina Faso
- 2,1 milliards de dollars d’investissements