Le plus large exercice militaire en Afrique comprend des manœuvres à la lisière du Sahara occidental, un vaste territoire désertique qui oppose, depuis des décennies, le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie.
Le département américain de la Défense envisage de ne plus organiser l’exercice militaire « Africa Lion », le plus large sur le continent africain, au Maroc et cherche d’autres pays susceptibles d’accueillir ces manœuvres annuelles, a rapporté le site Defense News le lundi 25 juillet, citant des responsables américains.
La décision du Pentagone est motivée par le lobbying exercé par le sénateur républicain James Inhofe, membre de la Commission des forces armées, qui estime que le royaume chérifien « accueille annuellement l’exercice Africa Lion pour étendre son contrôle sur le Sahara occidental », a-t-on précisé de même source.
« Pendant plus de cinq décennies, le peuple sahraoui a été soumis à des promesses non tenues et à des attaques vicieuses de la part du gouvernement marocain », a déclaré James Inhofe, lors d’une récente audience consacrée au choix des candidats à la direction du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) et du Commandement américain des opérations spéciales (Socom).
« J’ai poussé le département de la Défense à chercher d’autres lieux pour organiser l’exercice militaire annuel African Lion qui se déroulait jusque-là au Maroc. Je suis heureux que le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, soit d’accord avec moi sur cette question », a-t-il ajouté.
Le lieutenant général Michael Langley et le lieutenant général Bryan Fenton nommés respectivement à la tête de l’Africom et du Socom ont approuvé la recherche de nouveaux pays pour accueillir l’exercice Africa Lion lors de l’audience organisée au Sénat, selon Defense News.
Organisé chaque année essentiellement au Maroc (une partie des manœuvres se déroule en Tunisie, au Sénégal et au Ghana), Africa Lion mobilise annuellement des milliers de soldats originaires de dix pays et des observateurs de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et d’autres pays partenaires, dont Israël. Cet exercice militaire qui a notamment pour objectif de « renforcer les capacités communes de défense pour contrer les menaces transnationales et les organisations extrémistes violentes » comprend des manœuvres dans le désert, à la lisière du Sahara occidental, non loin de Tindouf, la base des indépendantistes sahraouis du Front Polisario en Algérie.
Territoire désertique au sol riche en ressources naturelles, le Sahara occidental est depuis plusieurs décennies au cœur d’un conflit entre le Maroc qui en contrôle 80% et les séparatistes sahraouis du Front Polisario soutenus par l’Algérie.
Le Front Polisario réclame un référendum d’autodétermination tandis que Rabat promeut une autonomie sous sa souveraineté.
Dans le cadre d’un accord négocié par l’ex-président américain Donald Trump, les Etats-Unis ont reconnu en décembre 2020 la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en contrepartie d’une reprise des liens diplomatiques entre le Maroc et Israël.
L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat d’« actes hostiles » et dénonçant sa coopération militaire et sécuritaire avec Israël.