En marge de la 29 ème édition du salon Pollutec qui s’est tenu du 12 au 15 octobre à Eurexpo-Lyon, African Challenges a rencontré M.Alexis de Gérard, directeur de Pollutec, pour qui la Tunisie et la France ont beaucoup à partager dans le secteur de l’environnement et de l’énergie.
African Challenges : En quelques mots, Pollutec pour vous c’est quoi ?
Alexis de Gérard : Pollutec, c’ est le salon de l’environnement, un salon qui a 40 ans, et qui a vu naître de nombreuses innovations. Pollutec est aujourd’hui reconnu comme l’événement de référence des professionnels de l’environnement et une vitrine des solutions environnementales pour l’industrie, les villes et territoires. On y aborde tous les aspects environnementaux : gestion des déchets, de l’eau, énergie, villes et bâtiments durables, sites et sols pollués, biodiversité…Tous ces sujets sont aujourd’hui étroitement liés et il y a une vraie pertinence à les aborder ensemble. Pollutec est aussi un tremplin pour les innovations du marché et le développement à l’international. Cette année, ce sont plus de 180 innovations qui sont présentées en avant-première européenne ou mondiale. D’un point de vu international, nous saluons de 28% d’exposants internationaux, soit presque autant qu’en 2018 malgré les difficultés liées aux restrictions de circulation. Aujourd’hui j’ai eu beaucoup de plaisir à accueillir des délégations du monde entier dont 80 représentants de la Tunisie. Nous sortons d’une période qui a fait prendre conscience à tous l’importance d’accélérer sur la transition écologique et je me réjouis de cette mobilisation internationale sur Pollutec. C’est le témoignage de l’importance qui est porté aujourd’hui sur tous les sujets que nous portons et dont les enjeux sont mondialisés. Pollutec est une occasion unique de nous rassembler et d’accélérer : on trouve en quatre jours un concentré de solutions et d’innovations que doivent s’approprier tous les acteurs pour leur permettre d’accélérer sur les transitions en cours et à venir.
Que présente le salon pour les professionnels de l’environnement ?
Pour de nombreux exposants, c’est un salon incontournable. Nous avons des exposants qui sont fidèles depuis des dizaines d’années, et qui sont des habitués et qui pour rien au monde ne rateraient Pollutec. C’est un moment de rencontre qui leur permet d’échanger et de renouer avec leurs contacts professionnels. C’est aussi un salon où se rencontrent de nombreux nouveaux exposants. Sur les 2000 exposants de cette année 1/4 sont des nouveaux. On voit notamment que la crise sanitaire a accéléré le développement d’initiatives et de projets, et qu’il était important pour les acteurs cette année de se retrouver en présentiel, il y avait un vrai besoin de renouer avec ses contacts et de partager. Le digital nous a permis d’innover et il s’agit d’une approche très complémentaire au salon mais, le socle demeure le salon : la convivialité et les rencontres de notre évènement à Lyon sont irremplaçables.
A quoi devrait s’attendre le visiteur au salon pollutec ?
Le visiteur de Pollutec apprécie les nombreuses opportunités de contact et de rencontre, la diversité des solutions et d’innovations, mais aussi la possibilité de s’informer avec plus de 10 forums thématiques dont un dédié à l’Afrique pour couvrir les enjeux spécifiques du continent. Cette année il était disponible en Live et maintenant en replay sur notre chaine dédiée « Pollutec Learn&Connect ». Pollutec c’est aussi un salon convivial, on le voit les gens ont plaisir à s’y retrouver édition après édition : il y a énormément d’opportunités de rencontres et nous multiplions les animations permettant aux exposants et visiteurs d’interagir. Nous avons créé des espaces dédiés à l’innovation, des zones de pitchs pour les startups ou encore, des parcours de visite.
Nous avons aussi souhaité mettre en avant des sujets qui concernent le grands public. Nous nous adressons ici aux visiteurs de Pollutec qui ne sont pas des professionnels de l’environnement mais qui souhaitent s’informer sur les évolutions. Un espace Game a par exemple permis d’appréhender l’impact de ses choix sur le changement climatique d’ici à 2030 et nous avons par ailleurs créé un espace emploi au coeur du salon avec la possibilité de rencontres entre exposants et chercheurs d’emploi.
Quelles sont les nouveautés de l’édition 2021 par rapport aux éditions précédentes ?
Tout d’abord Pollutec 2021 est la première édition hybride : à la fois en présentiel et digital. Nos rendez-vous d’affaires, les Greedays, auxquels participent 57 pays et 950 participants ont été pour la prmière fois en présentiel et en distanciel. Nous avons par ailleurs digitalisé une sélection de conférences disponibles en Live et maintenant en Replay et enrichi notre annuaire de solutions sur notre plateforme d’information Pollutec Learn&Connect.
Par ailleurs nous avons démultiplié les espaces de start-ups dans les secteurs de l’eau, des déchets, de l’énergie et de la mer et du littoral, il nous paraissait particulièrement important dans cette période de permettre jeunes entreprises innovantes qui n’ont pas été en contact leurs clients d’accélérer leur développement.
Grande nouveauté également cette année, nous lançons une animation inédite sur Pollutec dans le secteur de l’eau : le Water Hub. cet espace d’exposition de 215 m2 met en lumière les innovations du petit cycle de l’eau. A travers 7 sections d’exposants et innovations, les visiteurs sont amenés à découvrir les solutions d’aujourd’hui et de demain dans ce domaine.
Enfin nous avons inauguré notre premier évènement Pollutec Mer & Littoral. Un nouvel évènement dédié à la lutte contre la dégradation accélérée des milieux marins et côtiers.
Comment évaluez vous la participation tunisienne au salon?
La participation Tunisienne est excellente. Nous préparons la participation de la Tunisie avec Business France et tous les acteurs publics et privés de la Tunisie depuis plus d’un an et la participation participation de la Tunisie à la 29ème édition du salon est exceptionnelle, compte tenu des obstacles. Grâce à une excellent collaboration nous sommes parvenus à construire une relation solide permettant à la Tunisie de présenter ses enjeux environnementaux avec la présence d’un pavillon institutionnel et aussi son savoir-faire avec un pavillon d’entreprises. La délégation tunisienne est présente au salon avec 80 personnes et est conduite par le ministre des technologies et de la communication que j’ai eu beaucoup de plaisir à accueillir. La délégation tunisienne a notamment eu la possibilité de visiter la station d’épuration de Feyssine qui traite les eaux usées de 300 000 habitants et produit de l’énergie par mathématisation des boues.
D’un point de vu bilatéral, et au delà des discours, comment la France et Tunisie peuvent elles conjuguer leurs efforts par des actions concrètes en faveur de l’environnement ?
On le voit sur Pollutec, il y a des sujets qui sont étroitement liés entre nos deux pays. Et c’est pour cette raison que la Tunisie a été sélectionnée comme invitée d’honneur de Pollutec. Il s’agit notamment des sujets du traitement des déchets, de la gestion de l’eau et de la transition énergétique qui représentent des domaines où il y a beaucoup à partager entre la Tunisie et la France. Nous avons des entreprises innovantes et, la Tunisie également. Mettre en commun nos investissements, nos connaissances pour accélérer ensemble les transitions est indispensable. La Tunisie est le deuxième partenaire commercial de la France, il y a des liens très étroits qui unissent nos deux pays, et il y a un vrai intérêt à unir nos savoir-faire. Un autre point important qui a compté dans le développement de la relation avec avec la Tunisie, c’est que nous partageons une mer commune, la Méditerranée. Et, aujourd’hui il y a un vrai enjeu sur l’océan et le littoral. Erosion, perte de biodiversité, pollution sont des sujets qu’il est indispensable d’aborder. 80% des déchets de la mer proviennent de la terre. La Tunisie, la France et tous les pays partageant la Méditerranée ont intérêt à travailler ensemble nos milieux.
.On relève aussi de plus en plus de start-ups qui s’intéressent à la question environnementale, est-ce définitivement à votre avis ce sur quoi il faudrait s’appuyer s’il faut parler d’innovations?
Oui bien entendu les start-ups sont indispensables pour innover, parce qu’elles ont l’agilité pour le faire. C’est particulièrement remarquable sur les 4 espaces dédiés aux start-ups de cette édition de Pollutec 2021. On peut par exemple noter la forte accélération du digital : qu’il s’agisse du d’IoT (internet des objets) big data, et IA (Intelligence Artificiel) les technologies de communication sont aujourd’hui omniprésentes dans tous les secteurs de l’environnement et les start-ups sont très bien placées pour faire émerger et évoluer ces technologies dans des secteurs ancrés dans leurs métiers.
Vu le nombre impressionnant de participants et surtout de pays représentés, peut-on considérer Pollutec comme un précédent à cop 26 qui va se tenir dans quelques jours?
Nous avons des objectifs différents mais complémentaires, les COP permettent aux pays du monde entier de se retrouver et de fixer des engagements pour limiter le changement climatique. Pollutec est un salon de solutions qui vont permettre aux industries, aux villes et aux territoires de mettre en œuvre des solutions permettant d’atteindre ces objectifs. Les deux sont étroitement liés, l’un ne va pas sans l’autre. Il y a un besoin de la COP pour donner une direction et l’objectif à atteindre, il y a un de Polluctec pour faire connaitre les moyens d’y arriver.
Interview conduit par BELAAZI SANA
POLLUTEC LYON