En se lançant dans l’exploration de la Méditerranée orientale, l’administration Erdogan se heurtera à l’opposition de l’Egypte, de la Grèce, d’Israël et de Chypre, qui disputent ce territoire avec le géant turc depuis plusieurs décennies sur fond de course aux ressources en hydrocarbures.
Conformément à un accord sur la démarcation de la frontière maritime, signé le 27 novembre 2019 à Istanbul avec le Gouvernement d’Union nationale conduit par Fayez Al Sarraj en Libye, la Turquie devrait commencer à explorer la Méditerranée orientale dans les 3 ou 4 mois à venir. C’est ce qu’a rapporté à la presse Fatih Donmez, le ministre turc de l’Energie.
L’annonce du projet turc risque d’exacerber les tensions qui opposent la Turquie, la Grèce, Chypre, l’Egypte et Israël dans cette zone. D’après de nombreux analystes, le projet d’exploration de la Turquie dans cette région pourrait même lui valoir des sanctions de l’Union européenne.
Les pays cités plus haut s’opposent à l’accord entre Tripoli et Ankara, le qualifiant d’illégal. Il convient de souligner que la Turquie soutient Tripoli dans son bras de fer contre Benghazi contrôlé par le maréchal Haftar qui est appuyé par l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte.
En fait, la région est disputée depuis près de 50 ans par Chypre et la Turquie. L’opposition entre les deux parties est devenue plus féroce depuis les découvertes par Chypre ces dernières années, de vastes gisements de gaz naturel sur place.
Face aux revendications d’Ankara sur les ressources énergétiques de la région, Chypre, la Grèce et Israël ont signé début janvier un accord sur le gazoduc EastMed censé acheminer et monétiser les découvertes. Dans son plan visant à faire valoir ses droits dans la région, Ankara a signé avec Tripoli l’accord de délimitation maritime controversé. Chypre a notamment reçu le soutien de la France et de l’Egypte, précise The Times of Israël.
Selon Hubert Faustmann, directeur de l’antenne chypriote de la fondation allemande Friedrich-Ebert, « la Turquie peut bloquer tout accord actuellement en vigueur sur l’exploitation offshore en augmentant sa présence militaire, navale ou aérienne à Chypre ». Ces derniers mois, un important déploiement militaire d’Ankara dans la zone a été signalé.
Avec Agence Ecofin