Le Fonds monétaire international a identifié dans ses prévisions publiées mardi sept facteurs de risques «particulièrement préoccupants», dont la concrétisation pourrait aboutir au «scénario du pire»: l’une des crises économiques les plus graves depuis cinq décennies.
Guerre en Ukraine et prix de l’énergie
Selon le FMI, il existe «beaucoup d’incertitude» autour des niveaux de livraison de gaz russe à l’Europe pour 2022 et 2023. Une baisse de 40% par rapport à l’an dernier a déjà été observée depuis avril.
La Belgique ne consomme que peu de gaz russe, puisqu’il ne représente que 6,5% de ses importations.
Économies de gaz: l’Union européenne trouve un accord
Le rapport envisage aussi une cessation complète des exportations de gaz russe, ce qui forcerait les pays européens à mettre en place un rationnement de l’énergie, touchant les secteurs industriels majeurs.
Un tel scénario réduirait «nettement» la croissance dans la zone euro en 2022 et 2023, avec un écho «transfrontalier».
Persistance de l’inflation
S’il est «globalement attendu» que l’inflation retourne aux niveaux pré-pandémiques d’ici fin-2024, des perturbations supplémentaires sur l’offre pourraient entraîner un enracinement de l’inflation, avance le FMI.
Des chocs suffisamment importants risqueraient de faire émerger une situation de «stagflation», où la récession serait accompagnée d’une forte inflation.
Les gagnants et les perdants de la hausse des taux
Persistance de l’inflation
Le FMI s’inquiète que les banques centrales, dans leurs tentatives de contrer l’inflation, aient la main trop lourde.
En ne choisissant pas la bonne jauge pour les taux directeurs, les banques centrales exposeraient leurs économies à une baisse trop forte de la demande.
«Le risque de récession est particulièrement important en 2023», analyse le rapport.
Dette des économies émergentes
Avec la hausse des taux d’intérêt dans les économies avancées, les coûts d’emprunt seront plus élevés à travers le monde, et le risque existe de voir les devises nationales largement dépréciées face au dollar.
L’euro atteint la parité avec le dollar
Un tel risque interviendrait en outre au moment où la position financière de nombreux Etats est déjà «tendue», selon le FMI.
L’institution estime à 60% le nombre de pays parmi ceux à bas revenus qui risquent de se trouver, ou sont déjà, en difficulté pour leur dette. Il y a 10 ans, le chiffre avoisinait les 20%.
Enlisement en Chine
Le premier semestre 2022 a été marqué par de nombreuses mesures de restrictions anti-Covid en Chine qui ont fortement perturbé l’activité notamment manufacturière du pays, et par ricochet, l’activité mondiale.
Une nouvelle flambée épidémique, accompagnée de la politique zéro-covid du gouvernement chinois, pourrait provoquer un enlisement du ralentissement économique en Chine, entraînant «d’importantes répercussions à l’échelle mondiale», selon le FMI qui évoque aussi un risque lié à la crise du secteur immobilier chinois.
Pas de pénurie alimentaire malgré une explosion des prix
Troubles civils et famine
Puisque les dépenses d’alimentation et d’énergie représentent pour les ménages des dépenses essentielles et sans possibilité de substitution, la situation d’inflation actuelle «représente une menace non seulement pour la stabilité économique, mais aussi pour la stabilité sociale», souligne le FMI.
«Le lien entre prix et stabilité sociale signifie que des obstacles supplémentaires au commerce, ou une faible récolte en raison des chaleurs extrêmes et des pénuries de fertilisant, risquent de provoquer davantage de souffrances, de famines, ou de troubles civils», détaille le document.
Fragmentation de l’économie mondiale
Avec la guerre en Ukraine, le FMI avertit d’un «risque grave pour les perspectives de moyen terme»: une fragmentation de l’économie mondiale en blocs géopolitiques aux différences flagrantes de standards technologiques, de systèmes de paiement internationaux, et de réserves de devises.
«La fragmentation pourrait également diminuer l’efficacité de la coopération multilatérale pour répondre au changement climatique, avec un risque supplémentaire que la crise alimentaire actuelle puisse devenir la norme», conclut le FMI.
Avec AFP