Le tribunal a condamné l’ancien président pour corruption et trafic d’influence. Comme son avocat historique Thierry Herzog et l’ex-haut magistrat Gilbert Azibert, pour lesquels il a prononcé une peine similaire. Le parquet national financier avait requis quatre ans de prison, dont deux ferme, à leur encontre.
Dans le cadre de l’Affaire des écoutes, l’ex-Président Nicolas Sarkozy condamné à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption.
C’est le deuxième ancien président à être condamné sous la Ve République. La 32e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris a déclaré Nicolas Sarkozy, 66 ans, coupable de corruption par particulier sur magistrat et de trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes. Prononçant une peine de trois ans de prison, dont deux ans assortis d’un sursis simple.
Son avocat historique, Thierry Herzog, 65 ans, et l’ex-magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, 74 ans, qui étaient jugés à ses côtés, sont déclarés aussi coupables et condamnés à la même peine. Avec en plus, pour Me Herzog, une interdiction la profession d’avocat durant cinq ans.
Le parquet national financier (PNF) avait réclamé quatre ans de prison, dont deux ferme, contre l’ex-Président, et ses coprévenus. Assortie aussi, pour Me Herzog, de cinq ans d’interdiction professionnelle. Le PNF estimant qu’un « pacte de corruption s’est bien noué entre eux trois en février 2014 ». Ce qu’a confirmé le tribunal dans sa décision.
Conversations interceptées sur la ligne « Bismuth »
Selon l’accusation, Nicolas Sarkozy a promis, par l’intermédiaire de son avocat et ami Thierry Herzog un « coup de pouce » à Gilbert Azibert pour un poste à Monaco. Cela en échange d’informations, voire une influence, sur un pourvoi en cassation visant à faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels réalisée en marge de l’affaire Bettencourt (soldée pour lui par un non-lieu en 2013). Ces agendas étant susceptibles d’intéresser la justice dans d’autres procédures.
Au cœur des charges, des conversations interceptées sur une ligne ouverte au nom de « Paul Bismuth » par Me Herzog pour échanger avec l’ex-Président, en toute confidentialité croyaient-ils. Dans les interceptions, Nicolas Sarkozy s’engage à intervenir en faveur d’Azibert, avant de déclarer, peu après, avoir renoncé à cette démarche. Revirement qui pourrait venir, pour les enquêteurs, de la découverte par les deux hommes que leurs téléphones officieux étaient sur écoute.
Nicolas Sarkozy lors de son procès
Nicolas Sarkozy lors de son procès | REUTERS
Du « bavardage » selon Nicolas Sarkozy
Les trois prévenus ont toujours contesté tout pacte de corruption. Ses échanges avec Me Herzog sur la ligne Bismuth ? Du « bavardage », avait répondu à l’audience Nicolas Sarkozy, précisant que son avocat cherchait alors à le « rassurer » sur son pourvoi en cassation, à une époque il avait « le sentiment d’être traqué » par le parquet national financier.
Quant au soutien à Gilbert Azibert ? « Un service pour un ami. Rien de plus […]. Le pacte, il n’existe pas : ni dans la tête ni dans les faits », avait insisté l’ancien chef de l’État, rappelant d’ailleurs avoir été débouté par la Cour de cassation pour ses agendas. Relevant aussi que l’ex-haut magistrat n’a « pas eu le poste auquel il n’avait pas candidaté ».
« Un désert de preuves » pour la défense
La défense des trois prévenus avait plaidé la relaxe, dénonçant des « écoutes illégales », violant le secret des échanges entre un avocat et son client. Elle avait fustigé un dossier « qui ne repose que sur des suspicions » et dénoncé un « désert de preuves ». « Cette affaire a été pour moi un chemin de croix. Mais si c’était le prix à payer pour que la vérité chemine, je suis prêt à l’accepter. Je vous ai dit la vérité […]. Comme je l’ai dit en garde à vue. J’ai encore confiance en la justice de notre pays », avait souligné Nicolas Sarkozy à la fin du procès, le 10 décembre dernier.
Il a de nouveau rendez-vous avec la justice le 17 mars, cette fois dans l’affaire Bygmalion, pour des soupçons de financement illégal de sa campagne de 2012.