Dans une interview accordée à Express FM,ce jeudi 23 juillet, le chef du gouvernement démissionnaire, Elyes Fakhfakh, est revenu sur le bilan de son gouvernement, la crise politique qui secoue actuellement le pays , la pandémie du Covid-19 et leur impact sur la situation économique.
Interpellé sur l’évolution de la pandémie , Elyes Fakhfakh s’est montré optimiste , il a affirmé que le gouvernement avait vaincu la première vague et était prêt à tous les scénarii, notamment une éventuelle deuxième vague avec l’arrivée de la saison de la grippe en septembre.
« Nous avons dépassé la grande vague avec un minimum de dégâts grâce aux efforts de tous les Tunisiens. Mais il faut rester vigilants », a-t-il déclaré déplorant un relâchement dans le respect des mesures de prévention.
Il a rappelé, dans ce sens, l’impact de la crise sanitaire sur la situation socio-économique du pays.
Fakhfakh a expliqué « Tous les indicateurs sont dans le rouge. Nous sommes à -6% de taux de croissance et l’endettement du pays a atteint ses limites avec plus de 60% du PIB pour la dette extérieure, ce qui touche à la souveraineté de l’Etat »,
La lutte contre la pandémie a coûté cinq milliards de dinars à l’Etat et qu’il faudrait seize milliards de dinars pour rééquilibrer les finances du pays.
Au sujet de la crise politique, Elyes Fakhfakh a noté que la situation avait été ébranlée depuis le décès de l’ancien président de la République, feu Béji Caïd Essebsi, le 25 juillet 2019, pour devenir chaotique .
Faisant référence au mouvement Ennahdha , Fakhfakh, a souligné « Certaines parties voulaient à tout prix rentrer dans le système ou, à défaut, le casser, sans prendre en considération ni la situation sanitaire, ni la situation sécuritaire et encore moins la situation sociale du pays. On n’a pris en compte que ses petits intérêts partisans » .
Il a jouté que le parti de Rached Ghannouchi ne voulait pas du gouvernement et qu’il ne l’avait jamais soutenu.
Le mouvement islamiste avait créé une « alliance sacrée » avec le parti de Nabil Karoui, Qalb Tounes, une des composantes du système qui a planifié la chute du gouvernement.
« L’histoire de la Tunisie a toujours été marquée par des batailles entre les réformistes et les conservateurs. Et Ennahdha a rejoint le système pour préserver ses acquis ».
« Ce qu’ils ont fait est un crime contre la Tunisie. Nous avions élaboré un plan de sauvetage en un mois et demi et il était prêt depuis début juillet. Pendant ce temps, eux, ils travaillaient sur la chute du gouvernement. Ils vont le regretter », a-t-il ajouté .
Interrogé sur l’affaire de conflit d’intérêts, Elyes Fakhfakh a rejeté les accusations portées à son encontre affirmant qu’il n’avait même pas pris d’avocat car il n’a pas été officiellement accusé.
« Il y a eu beaucoup de désinformation à ce sujet. Les appels d’offres pour l’obtention du marché de la gestion des déchets s’est déroulé dans les règles de l’art. Nous avons fait appel à deux entreprises, une française et une tunisienne, pour participer en novembre dernier dans cet appel d’offres et les résultats du dépouillement ont été communiqués en février », a-t-il expliqué.
Assurant qu’il avait déclaré tous ses biens comme il se devait le jour où il a été nommé chef de gouvernement, le locataire de la Kasbah a, toutefois, reconnu qu’il aurait dû s’occuper de « ses propres affaires » en premier.
Fakhfakh a déclaré qu’il avait entièrement confiance en la justice tunisienne, Elyes Fakhfakh a, tout de même, exprimé des inquiétudes quant à l’intégrité de la commission parlementaire en charge des investigations sur les soupçons de conflit d’intérêts.
« La commission est fortement politisée et son président (Yadh Elloumi / Qalb Tounes), s’est discrédité le jour où il a émis un jugement avant même le démarrage de l’enquête », a-t-il soutenu.
Au sujet de son successeur dont l’identité n’est pas encore connue (les négociations sur les candidats continuent, ndlr), Elyes Fakhfakh a adressé à un message signifiant que celui qui le remplacerait devrait s’engager pour l’intérêt du pays.
« Arriver au pouvoir n’est pas difficile. C’est réformer qui l’est. En Tunisie, on ne peut le faire sauf si on rompt avec la politique des deals où tout se vend et s’achète » a-t-il lancé mettant en garde contre ceux qui conspirent contre l’Etat de l’intérieur et ceux qui complotent de l’extérieur pour tuer le modèle démocratique de la Tunisie.
« Je suis venu avec une philosophie simple : réunir toutes les familles politiques, travailler pour la Tunisie et rompre avec la politique de rafistolage. Malheureusement je n’ai pas su convaincre. Les forces du mal veulent nous diviser. Ce n’est qu’une bataille de perdue, mais la guerre continue et les forces du bien gagneront un jour », a-t-il conclu.