En Algérie, le président Macron annonce la création d’une commission mixte d’historiens sur le passé colonial.
Alors que les questions relatives à la colonisation et à la guerre d’Algérie constituent une source de crispations entre Paris et Alger, le président français a ouvert la voie vers une possible réconciliation mémorielle.
Au premier jour de sa visite officielle de trois jours en Algérie, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé le jeudi 25 août, la création d’une commission mixte d’historiens algériens et français pour étudier les archives sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
« Nous avons un passé commun qui est complexe, douloureux » et « nous avons décidé ensemble » de créer « une commission mixte d’historiens pour regarder l’ensemble de cette période historique, du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté […] d’accès complet à nos archives », a-t-il dit, lors d’une déclaration commune avec son homologue Abdelmadjid Tebboune.
« Le passé, nous ne l’avons pas choisi, nous en héritons, c’est un bloc, il faut le regarder, le reconnaître, mais nous avons une responsabilité, c’est de construire notre avenir pour nous-mêmes et nos jeunesses », a-t-il ajouté.
Le président français a expliqué que cette démarche mémorielle devait être « sans tabous, avec une volonté de travail libre, historique, d’accès complet à nos archives », indiquant qu’un premier retour sur leurs travaux de la commission mixte d’historiens est attendu d’ici un an.
Les relations entre la France et l’Algérie avaient connu un coup de froid lorsqu’en septembre 2021, Emmanuel Macron avait reproché au système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance.
Revenant sur la question mémorielle lors d’un point de presse à Alger, ce vendredi 26 août, le dirigeant français a estimé que la recherche de « la vérité » et de « la reconnaissance » était plus importante que la repentance.
« J’entends souvent que, sur la question mémorielle et la question franco-algérienne, nous sommes sommés en permanence de choisir entre la fierté et la repentance. Moi, je veux la vérité, la reconnaissance, sinon on n’avancera jamais », a-t-il déclaré.
Relance de plusieurs comités intergouvernementaux
La visite « officielle et d’amitié » qu’effectue Emmanuel Macron à Alger du jeudi 25 au samedi 27 août intervient quelques semaines après la célébration du 60e anniversaire de la fin de la guerre et la proclamation de l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Accompagné d’une forte délégation comprenant plusieurs ministres (Economie, Intérieur, Affaires étrangères, Armées, Culture) ainsi que le chef d’Etat-major des armées et des patrons de grandes entreprises, le chef d’Etat français a par ailleurs annoncé le lancement d’un projet commun d’« incubateur de start-up », pour les « talents » des deux pays dans le domaine du numérique. Il a également proposé de « développer des programmes communs de création cinématographique et de studios », et évoqué la relance de plusieurs comités intergouvernementaux notamment dans les domaines économique et stratégique pour « accroître la coopération à tous les niveaux et les échanges commerciaux ».