Les conclusions d’un nouveau rapport sur les tendances interculturelles et le changement social dans la région euro-méditerranéenne, lancé aujourd’hui par la Fondation Anna Lindh (ALF) et financé par l’UE, montrent l’importance du dialogue interculturel pour aborder les problèmes actuels, de l’impact social de la crise des réfugiés aux causes profondes de la radicalisation et pour remettre en question les discours extrémistes. Le rapport montre également que les populations du Sud et de l’Est de la Méditerranée (SEM) et d’Europe continuent de croire en l’importance de renforcer la coopération entre les deux groupes de pays et qu’il existe des avantages mutuels qui peuvent être obtenus à travers la Méditerranée, en particulier dans les domaines des nouvelles opportunités, de l’éducation, la formation, l’esprit d’entreprise, l’innovation et l’emploi des jeunes.
Plus de 13 000 personnes dans 13 pays, dont la Tunisie, ont été interrogées sur leurs attentes, leurs préoccupations, leurs intérêts et leurs valeurs. Sur la base de ces données, le Rapport sur les tendances interculturelles 2018 présente de nombreuses informations et données sur les tendances interculturelles, les développements sociaux et les méthodes d’interaction en Europe et dans la région SEM, avec des experts des pays de la région qui analysent les données et tirent des enseignements de ces résultats.
Si nous examinons les perceptions des personnes interrogées sur le rôle des femmes dans la société, les Tunisiens sont en tête de liste des 13 pays, avec 65 % en faveur d’un rôle accru des femmes dans la vie économique et commerciale. Analysant les données du rapport, Mohamed Tozy, professeur universitaire de sciences politiques à l’université Hassan II, Casablanca, (Maroc) et enseignant à Aix-en-Provence (France), a déclaré : « Vu que les Tunisiens sont arrivés en tête de liste, nous sommes
obligés de prendre au sérieux la volonté du Gouvernement Tunisien de modifier les lois sur l’héritage »
Le rapport montre également les nombreuses similitudes de perception de l’évolution sociale entre les pays de la SEM et les pays européens. Une grande majorité de la population de la région SEM comprend que trop de jeunes ont l’impression que leur voix n’est pas entendue avec 85% qui ressentent le besoin d’une plus grande participation des jeunes dans la vie publique. De l’autre côté de la Méditerranée, le 81% des Européens pense le même. La majorité des gens disent que les programmes d’éducation, les salles de classe multiculturelles, les initiatives dirigées par les jeunes et le soutien à la participation des jeunes à la vie publique sont essentiels pour prévenir les conflits dans nos sociétés qui sont de plus en plus diversifiés.
Analysant certaines des principales conclusions du rapport, Dalenda Largueche, historienne tunisienne et professeur d’histoire moderne et d’études féministes, commente : « Également exposés aux risques de radicalisation et de conflits, les Tunisiens et les habitants des pays du SEM expriment sensiblement les mêmes priorités et préconisent la même solution : encourager la participation des jeunes à la vie publique (89 %) ; programmes d’éducation et de jeunesse (88 %) ; initiatives culturelles et artistiques (87 %) ; programmes d’échanges entre les jeunes de la zone Méditerranée (84 %) ».
Parmi les nombreux sujets abordés dans le rapport, tels que les sources médiatiques les plus fiables, les valeurs clés dans l’éducation des enfants et la lutte contre la radicalisation par le dialogue, il a été constaté que le niveau de tolérance de la Tunisie envers les autres cultures est le plus élevé : 61% des Tunisiens interrogés étant fermement convaincus que la diversité culturelle et religieuse était importante pour la prospérité de la société. Les résultats ont également montré que 88 % des Tunisiens n’ont aucun problème à avoir comme voisin une personne d’origine culturelle différente. Dans le groupe européen, la moyenne était de 82%, et dans le SEM de 75%.
En examinant les réactions des répondants tunisiens concernant les attentes de la coopération euro-méditerranéenne, Largueche commente : « Les attentes tunisiennes restent stables de 2012 à 2016, seul un changement de priorités peut être observé. Ainsi, la diversité culturelle et la prévention de l’extrémisme, première attente en 2012 (90%), est reléguée en 2016 à la troisième place (84%), laissant la première place à l’entreprenariat, l’innovation et l’emploi des jeunes (91%) – la crainte que l’extrémisme ait fait place à la peur d’une crise économique qui permettrait de dépasser l’Etat explique cette volonté de coopération avec l’Europe ».
Elisabeth Guigou, Présidente de la Fondation Anna Lindh, a déclaré : « Aujourd’hui, notre région est confrontée à un grand nombre de défis et nous devons rassembler nos forces et nos capacités pour présenter un front solide, cohérent et uni qui repose sur les réalités directement exprimées par nos peuples et répond à leurs attentes identifiées ».
Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue des États arabes, a déclaré : « Le rapport Anna Lindh et ses principales conclusions serviront sans aucun doute de référence importante pour les politiciens, les décideurs et les universitaires. La Ligue des États arabes reste pleinement déterminée à faire progresser son partenariat multidimensionnel avec l’UE, ses institutions et ses États membres, et je suis convaincu que ce rapport et ses conclusions importantes continueront de nous fournir des analyses précieuses qui nous permettront de poursuivre nos objectifs communs ».
Pour plus d’informations sur la Fondation Anna Lindh, veuillez consulter le site : https://www.annalindhfoundation.org/
Pour accéder au Rapport complet sur les tendances interculturelles de 2018, veuillez consulter le site : www.interculturaltrendsreport.com
À propos de la Fondation Anna Lindh
Créée en 2005, la Fondation Anna Lindh est une organisation internationale créée par les pays du partenariat euro-méditerranéen et l’Union Européenne dans le cadre du processus de Barcelone en tant qu’institution centrale du dialogue interculturel entre les peuples de la région. Il représente un réseau de réseaux comprenant des organisations de la société civile qui se consacrent à la promotion du dialogue interculturel et du respect de la diversité dans la région. Elle s’efforce de promouvoir les échanges interculturels et la compréhension mutuelle par le biais de projets communs établis entre les sociétés civiles de la région euro-méditerranéenne.
Avec Communiqué