Après une semaine dense en représentations, qui ont investi les salles et espaces de Tunis en attirant un public nombreux à travers les différentes sections entre compétition officielle, Théâtre du Monde, spectacles arabes et africains, créations tunisiennes et Théâtre de la Liberté, le rideau s’est abaissé, samedi 29 novembre 2025, sur une édition ouverte le 22 novembre.
Le Théâtre de l’Opéra de la Cité de la Culture Chedly Klibi a accueilli la cérémonie de clôture, retransmise en direct sur la chaîne nationale dès 18h. L’hymne national a ouvert la soirée, suivi d’une performance intitulée Al Masrah (Le Théâtre), interprétée par le comédien Chawki Khouja et la danseuse et chorégraphe Oumaima Manai, entre mots et danse, en hommage à cet art profondément humain. Le duo El Wathek Bellah Chakir et Samia Hammi a ensuite assuré la présentation.
Une vidéo récapitulative retraçant les moments forts de cette 26ᵉ édition avec ses spectacles, ses rencontres, ses atmosphère et autres animations musicales, a été projetée au public.
Invité sur scène, le directeur des JTC, Mohamed Mounir Argui, a réaffirmé la vocation essentielle du festival : célébrer la création, unir, transmettre et faire rayonner le théâtre. Il a rappelé que cette clôture coïncidait avec la Journée mondiale de solidarité avec le peuple palestinien, soulignant l’attachement indéfectible de la Tunisie à cette cause. Il a remercié partenaires, artistes, équipes techniques et public fidèle, avant d’annoncer qu’il passait le relais au prochain comité.
Hommages et distinctions
La cérémonie a ensuite rendu hommage à des figures majeures de la scène tunisienne.
Mohamed Massoud Idriss, universitaire et ancien directeur de l’Institut supérieur d’art dramatique, a été honoré pour sa carrière exceptionnelle et ses travaux de référence sur l’histoire du théâtre tunisien.
Abdelhamid Ben Ghayass, acteur emblématique du théâtre, de la télévision et du cinéma depuis les années 1970, a reçu son prix après avoir interprété un extrait de Wannes Lekloub (1991) de Mohamed Driss. Il a salué le grand artiste Mohamed Idriss et rendu hommage à ses partenaires de création, dont Zahira Ben Ammar.
Leila Toubel, grande figure du théâtre tunisien, a présenté un extrait de son monodrame Solwen avant de remercier le public.
Aziza Boulabiaar, légende vivante du Théâtre Municipal, a livré une interprétation vibrante d’un extrait de Aziza Othmana.
Une parenthèse humouristique a ensuite été offerte par la performance de ventriloquie de Mohamed Lakhouas et de sa marionnette Jamil « Laaroussa », accueillie par des éclats de rires.

Théâtre de la Liberté : un engagement artistique unique
Moment fort de la soirée, la remise des prix du Théâtre de la Liberté, programme né en 2017 en partenariat avec la Direction générale des prisons et de la rééducation. Cette initiative permet aux détenus et aux jeunes des centres de rééducation de présenter leurs créations sur scène, favorisant expression artistique, confiance et réinsertion.
Parmi les 16 œuvres sélectionnées cette année, le jury composé de Najoua Miled, Lotfi Turki, Mohamed Ali Trabelsi et Fathi Mahdaoui a attribué les distinctions suivantes :
Centres de rééducation
Grand Prix : Une vie sans addiction — Centre d’El Mourouj (mise en scène : Khaled Al-Amdouni & Seifeddine Oueslati)
Deuxième Prix : Awlèd ‘Arouch — Centre de Souk Jedid (mise en scène : Mahmoud El-Ghabi)
Troisième Prix : Séance secrète — Centre de Sidi El-Hani (mise en scène : Kholoud Al-Mathnani)
Clubs des institutions pénitentiaires
Grand Prix : Sadd Aakel — Prison civile de Borj Erroumi (mise en scène par l’unité des détenus)
Deuxième Prix : Al Hawia (Le conteneur) — Prison pour femmes de Manouba (mise en scène : Rebab El Bouzeidi)
Troisième Prix : Moula El Bache — Prison civile d’Ennadhour (mise en scène : Hamza Essennani)
Le Syndicat national des journalistes tunisiens a attribué le Prix Najeeba Hamrouni pour la liberté d’expression à la pièce Znous de Salah Hamouda, avec une mention spéciale pour Métamorphose de Kais Boulaares.
Une seconde performance du duo Chawki Khouja – Oumaima Manai, intitulée Al Moumathal (Le Comédien), a transporté la salle.
« Qui suis-je… Creuse, cherche-moi partout. Peut-être dans l’échec, dans l’impuissance… peut-être dans l’amour, oui, dans l’amour… » a déclamé Chawki Khouja avant d’être rejoint par la voix lumineuse de Samia Hammi.
Palmarès de la compétition officielle
Le jury international, présidé par Lassaad Ben Abdallah et composé de Saade Aldaass (Koweït), Malek Laakoun (Algérie), Abdon Fortunée (Congo), Thameur Arbid (Syrie) et Imed El May (Tunisie), a révélé les lauréats parmi 12 spectacles issus de 11 pays :
Meilleure interprétation féminine : Lobna Noomane — Les fugueuses (Tunisie)
Meilleure interprétation masculine : Ahmed Abou Zid — Chute libre (Égypte)
Meilleur texte : Wafa Taboubi — Les fugueuses (Tunisie)
Meilleure scénographie : Le Mur — Sinan Mohsen Al-Azzawi (Irak)
Tanit d’or : Les fugueuses de Wafa Taboubi, remis par la grande Zahira Ben Ammar
Tanit d’argent : Le Mur (Irak)
Tanit de bronze : Jacaranda de Nizar Saiidi (Tunisie)












































