À l’occasion du septième anniversaire de l’inscription de la poterie de Sejnane sur la liste du patrimoine immatériel : les femmes gardiennes du feu de poterie et la mémoire du lieu
Au cœur des montagnes du nord-ouest, sur les seuils verdoyants de la nature, se lève le premier rayon de lumière qui perce le nuage matinal, et la zone de « Sejnane » de la province de Bizerte commence à s’éveiller sur les traces des artisanes, où la terre dans leurs mains se transforme en souvenir, et le feu devient un lien entre le passé et le présent.
Dans ce lieu paisible, où le murmure de la brise se mêle à l’odeur de l’argile humide, les artisanes de Sejnane nous accueillent alors qu’elles se préparent pour une nouvelle journée de travail, comme si elles ouvraient la porte d’une époque révolue. Leurs visages, rayonnants malgré la fatigue des années, sont à l’image de leurs créations : simples, pures et empreintes de l’esprit du lieu.
Et là, alors que leurs pas vacillent sur le sol, cet héritage vivant se lève pour rappeler que ce que fabriquent les prisonnières n’est pas seulement un travail quotidien, mais une mémoire humaine profonde qui a préservé son secret à travers les âges. Cette valeur culturelle a été une motivation essentielle pour le succès du ministère des Affaires culturelles en intégrant l’élément de la poterie de Sejnane, avec ses compétences et ses savoirs, dans la liste représentative du patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO le 29 novembre 2018, en reconnaissance de sa spécificité et de son rôle dans la préservation de l’identité locale.
Un voyage à travers l’argile et la poterie
Les artisanes continuent de tisser le récit de la terre, dans un couloir spacieux où l’odeur caractéristique de l’argile humide se fait sentir. Elles travaillent dans un silence délicat semblable à des notes de musique, passant tendrement l’argile entre leurs mains, créant divers morceaux avant de la préparer pour le four en terre, qu’elles appellent « Jella ».
Au cœur de cette ambiance de détermination et de créativité, où l’harmonie des gestes des mains façonne sur l’argile les contours de la mémoire, La Voix de « khadoja », l’une des artisanes expérimentées, a commencé à dévoiler ses secrets enfouis, déclarant avec un sourire serein :
« Je débute ma journée en apportant la terre locale appropriée pour la fabrication de nos pots en argile, puis je m’assois au sol, je la manipule dans mes mains et je la pétris jusqu’à ce qu’elle devienne souple, prête à accueillir mes empreintes et mes créations. Chaque pièce est pour moi un être vivant, elle ressent ce que je ressens et évolue avec moi progressivement. »
Un jeune artisan nommé « Reema » intervient pour ajouter : « S’engager dans la poterie exige une grande patience et une concentration soutenue. Une fois le pétrissage et le façonnage terminés, nous laissons les morceaux passer par l’étape flottante jusqu’à ce qu’ils durcissent et soient prêts à sécher. Cette phase est cruciale car elle détermine la qualité de la pièce avant son passage au four. Nous apprenons ces étapes dès notre enfance, nous nous efforçons de les préserver telles que nous les avons reçues de nos mères et grands-mères. »
« Ce qui a évolué aujourd’hui, c’est que les gens prennent de plus en plus conscience de la valeur de ce que nous créons, surtout après l’inscription de la poterie de sejnane sur la Liste du patrimoine culturel immatériel. Cette reconnaissance nous incite à persévérer et nous confère une plus grande responsabilité de sauvegarder ce métier. »
Le rôle du ministère des Affaires Culturelles et l’accompagnement des artisanes
Les divers témoignages mettent en lumière l’importance de ce bien patrimonial transmis de génération en génération, et il n’aurait pas survécu sans les efforts conjugués de nombreuses initiatives nationales. Depuis l’inscription de la poterie de sejnane sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, Le ministère des Affaires culturelles a réaffirmé son engagement à soutenir les artisanes et à accompagner cette voie, en reconnaissant la valeur de ce patrimoine et son rôle dans le renforcement de l’identité culturelle ainsi que dans l’autonomisation des femmes rurales, en leur offrant des opportunités de participer à des expositions tant nationales qu’internationales. Ce soutien a permis de renforcer leur présence économique et a fait de « sejnane » un modèle vivant alliant l’effort communautaire à la prise en charge institutionnelle, dans le but de préserver la mémoire du lieu et la pérennité de l’artisanat.
Aujourd’hui, à l’occasion du septième anniversaire de son inscription sur la Liste du patrimoine mondial, la poterie de sejnane maintient sa position de patrimoine vivant, vibrant de créativité, de patience et d’habileté, alors que les mains des artisanes se transforment en outils de préservation de la mémoire et de l’identité. Chaque pièce témoigne de la relation spirituelle entre l’homme et l’argile, et le dévouement dont bénéficie cet artisanat, grâce au soutien du ministère des Affaires culturelles, ainsi que la participation des artisanes à des expositions nationales et internationales, garantissent le rayonnement continu de ce patrimoine, assurant que l’héritage de sejnane demeure vivant, préserve l’identité culturelle et inspire les générations futures.












































